Je suis sceptique… Sceptique en rapport à la faisabilité de l’adaptation de la réforme au secondaire… La géographie et l’histoire sont les programmes qui sont les plus modifiés par la réforme… ce qui n’est pas une mauvaise chose puisque je crois que ce qui était enseigné dans ces matières était plus ou moins utile et pertinent… Ou je grince des dents, c’est avec les situations d’apprentissages… En géographie, nous avons 3 compétences à développer… celles-ci ayant chacune 3 composantes… Selon la formation que j’ai eu de formateurs tout droit venus de Québec, nous devront travailler les trois compétences dans chacun des thèmes abordés… nous en avons 15 en tout… Calcul rapide… 15 X 3 = 45… donc un minimum de 45 situations d’apprentissages en 2 ans (1 cycle) X 2 périodes en moyenne = 90 périodes… Sans compter le temps que ça prendra pour l’évaluation.. De plus, en géographie, on enlèvera une période par semaine de 9 jours… On passera de 4 périodes à 3 périodes… Ouch… Or, lors de mon stage, les enseignants de géographie on essayé de monter des situations d’apprentissages. Depuis le début de l’année, ils ont eu le temps d’en mener seulement 3 à terme… alors qu’ils auraient dû en monter au moins… 20!… Je doute de plus en plus que cela sera possible… En fait… j’ai bien hâte de voir ça! Tout est possible…
Faudrait p.e. s’entendre sur la notion de situations d’apprentissage. À mon avis (je ne suis pas au MELS…), il ne faut pas confondre la chose avec PROJETS ou avec ACTIVITÉS d’apprentissage. En effet, si les équipes d’enseignants montent des situations complexes (ne pas confondre avec UN THÈME), normalement, plusieurs compétences de plusieurs domaines POURRAIENT/DEVRAIENT être activées. À l’intérieur de la situation, il peut (doit) y avoir des projets et des activités, etc. qui peuvent ou non être réalisés dans un contexte multi-disciplinaire ou non. Notre Cyberfolio secondaire permet aux équipes d’enseignants d’écrire de telles situations.
Je pense que le principal problème au regard de la réforme au secondaire n’en est pas un de pédagogie. C’est un problème de gestion des ressources: comment amener des enseignants à travailler ensemble, à leur donner tout le temps qu’ils ont besoin pour le faire et à appuyer les initiatives qui seront, au début en tout cas, un peu bancales.
L’autre problème, c’est la méconnaissance du programme tout court.
J’ai entendu beaucoup d’enseignants de géographie me parler de quantités de notions… qui ne sont même plus dans le programme de géographie ! Il ne faut pas oublier que le programme de science et technologie a hérité de tout un morceau nommé "Terre et espace". C’est vraiment une question d’occupation et d’utilisation du territoire qui forme le nouveau programme de géo, mais j’imagine que je ne t’apprends rien en te disant cela !
Par contre, chez les enseignants très très habitués à leur ancien programme, on retombe vite dans les réflexes de l’ancien contenu. J’en sais quelque chose par rapport aux programmes de sciences, dont le changement (c’est pas pour se comparer, mais quand même) est énorme par rapport aux autres programmes. En comparaison, c’est comme si on vous avait tous transformés en enseignants d’univers social "pour vrai" (c’est-à-dire, que vous auriez UN programme d’univers social, et non pas géo et histoire séparé).
Quand on se compare, on se console ? 🙂