Je suis tombé su’l cul. Mercredi soir passé. Depuis que j’enseigne, je me force pour m’ouvrir à la culture littéraire québécoise, dénicher des livres qui soient moins « plates » pour mes élèves. Je dois dire que mes goûts se rafinent. Entre autre, je suis tombé sur une maison d’édition qui, ma foi, m’allume beaucoup: Les éditions coup de tête. C’est un maison d’édition jeune, dynamique et qui ose éditer des trucs déjantés et complètement égratignants. Mais tel n’est pas le noyau de mon billet. Comme je l’expliquais, je cherche des livres qui peuvent allument mes élèves (et m’allumer aussi, de grace), car ceux-ci, lors du cours de cinquième secondaire, doivent entreprendre la lecture d’une oeuvre littéraire québécoise pour en faire le compte rendu. Je choisis donc de ne pas leur faire lire ni Maria Chapdelaine, ni Kamouraska. Bref, des trucs qui peuvent un tant soit peu intéresser les jeunes adultes qu’ils sont. Mercredi soir, je suis dans ma classe. Petite soirée tranquille. Sept élèves. Tout va bien. Un élève qui devait avoir environ 19 ans, nouveau dans ma classe, s’approche de moi. Je lui explique les modalités d’examen et qu’il devra choisir un livre dans la sélection que je lui propose: # Un petit pas pour l’homme # C’est pas moi je le jure! # Alice court avec René # Le protocol Reston # Tarmac L’élève prend les livres qui se trouvaient sur mon bureau et part les étudier dans le but d’en choisir un. À la fin du cours, l’élève en question me redonne mes bouquins et m’aborde: «Est-ce que je suis obligé de choisir la dedans?», «Heum….Oui!» Que je lui réponds. «Est-ce que ça serait possible que je lise autre chose comme: Un homme et son péché ou La famille Plouffe?» «?!?» Que je me suis dit. «Non, tu dois choisir dans ma sélection.» Les deux bras me sont tombés et je n’ai pas pu m’empêcher, je l’avoue, de dévisager quelque peu mon élève tellement mon étonnement était sincère. Mais pourquoi un élève voudrait lire Un homme et son péché ou la putain de famille Plouffe? (c’est en livre ça?) Y’a tellement de choix, pourquoi ceux-ci? Ah! Il l’avait déjà lu au secondaire j’imagine. Bien plus facile de –lire– un livre qu’on a déjà lu! Je me demande ce qu’il choisira… finalement.