le déterminant possessif «leur»

Ce matin, dans le cours de grammaire, nous avons eu à expliquer à règle d’accord du déterminant «leur». Il était évident qu’il fallait d’abord s’assurer de ne pas le confondre avec le pronom «leur», lequel n’est jamais mis au pluriel. Le remplacement de «leur» par «lui» dans la phrase ferait très certainement la job d’écarter cette possibilité.

Je leur ai dit de s’en aller.
Je [lui] ai dit de s’en aller.

En remplaçant le pronom «leur» par un autre pronom, «lui», il est possible de l’identifier comme tel.

Cependant, c’est l’accord du déterminant «leur» qui pose un réel problème. Mais quand devons-nous mettre le déterminant «leur» au pluriel?

La règle générale d’accord des déterminants est que ce dernier prend le genre et le nombre du mot qu’il accompagne. Or, comme c’est un déterminant possessif qui est associé aux pronoms personnels «ils» ou «elles», l’idée du pluriel est déjà évoquée. Mais quand utilisons-nous «leurs», alors?

Selon Maurice Grevisse (Précis de grammaire française, 1957):

«Leur» s’écrira au singulier:

a) Devant un nom strictement singulier:
Ex.: Ils préparent leur avenir.

b) Quand un objet possédé par l’ensemble de possesseurs:
Ex.: Ils ont vendu leur maison. (En parlant des deux propriétaires d’une seule maison)

c) Quand chaque possesseur ne possède qu’un seul objet.
Ex.: Les élèves ont terminé leur rédaction. (Chaque élève n’a terminé qu’une seule rédaction, mais elles étaient toutes différentes)
Ex.: Ils ont fermé leur oeil.

«Leur» s’écrira au pluriel:

a) Quand chaque possesseur possède plusieurs objets.
Ex.: Les élèves ont rangé leurs livres. (Considérant que chacun possède plusieurs livres)

b) Quand chaque possesseur ne possède qu’un seul objet, mais que la phrase implique une idée de réciprocité, de comparaison ou d’addition.
Ex.: Les deux hommes se sont échangé leurs cartes d’affaires. (même si chacun n’avait qu’une seule carte à échanger)

c) Quand il accompagne un nom toujours écrit au pluriel.
Ex.: Les gens ont perdu leurs lunettes. (Dans ce contexte, «Lunette» s’écrit toujours au pluriel. On dit avoir DES lunettes)(Exemple tiré d’Antidote 9, 2016)

d) Quand le sens logique l’impose.
Ex.: Leurs têtes se sont entrechoquées quand l’autobus a freiné. (Le sens veut qu’il y ait au moins deux têtes pour qu’elles puissent s’entrechoquer)(Exemple tiré d’Antidote 9, 2016)


Bref, la langue, ce n’est pas simple. il faut seulement s’y intéresser pour l’apprivoiser toujours un peu plus chaque jour.

La question ambigüe d’ambiguë

Un enseignant d’expérience m’aborde dans la salle du personnel. – Une élève m’a demandé la raison pour laquelle le mot ambiguë prenait un tréma sur le e. Le sais-tu? J’ai regardé dans deux grammaires et on ne parle même pas du tréma. Effectivement, la question était légitime. Un tréma est généralement utilisé pour annoncer qu’une lettre doit se prononcer, par exemple: Maïs (ma-i-s) et non mais (mè), naïf (na-i-f) et non pas (nèf). Mais qu’en est-il de ambiguë? N’est-ce pas le u que l’ont doit forcer la prononciation? Ambiguë doit se prononcer (am-bi-gu) et non pas (am-bigg). Effectivement. En fait, pour ce mot, jadis le e se prononçait à la fin du mot. Dans la langue contemporaine, le e ne se prononce plus. Avec l’orthographe rectifiée (depuis 1990 selon Wikipedia.org), le tréma n’apparait plus sur le e, mais bien sur le u comme le veut la logique orthographique d’aujourd’hui. Un enseignant ambigu et une explication ambigüe >- Mais… Et la forme plurielle du masculin?

– Ben… Ambigus.
– La nouvelle orthographe ne l’a pas rectifiée? Pourquoi il n’y a-t-il pas de tréma sur le u? Ça ne se prononce pas am-bi-gu-s pourtant!

À mon avis, il devrait y avoir un tréma sur le u lorsqu’ambigu se retrouve au pluriel. Mystère… Tout ceci qui soulève beaucoup d’ambiguïté! >- QUOI??? Le mot ambiguïté s’écrit avec un tréma sur le i?!? Soyez sans crainte. Avec l’orthographe rectifiée, il s’écrit maintenant avec le tréma sur le u. Comme quoi il faut bien garder un peu de stabilité dans notre belle langue française!

La, le ou lui?

Qu’est-ce qui cloche dans la phrase suivante?

Cette femme, je l’aimais beaucoup. Je la regardais tout en la faisant voir les étoiles.

Eh bien voilà. Je sais qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette phrase et mon instinct me dit que l’erreur se situe au niveau du «la». J’ai comme l’impression que c’est un «lui» qui va là, mais je n’en ai pas la preuve… En cherchant un peu, je me suis rendu compte que le pronom personnel «la» n’est utilisable que s’il remplace un CD (complément direct du verbe) or, dans cette phrase, «la» est utilisé comme CI (complément indirect du verbe).

Je la regardais tout en la faisant voir quoi?
Les étoiles.

Je faisais voir les étoiles à qui?
À «la»!

Donc, si mon analyse est bonne, ce n’est pas «la» qui devrait être utilisé, mais bien «lui»! Quelques exemples supplémentaires:

1. J’écris à ma tante.
J’écris à qui?
À ma tante.
Je lui écris.

2. Je remercie ma grand-mère.
Je remercie qui?
Ma grand-mère.
Je la remercie.

3. J’obéis à mon père.
J’obéis à qui?
À mon père.
Je lui obéis.

4. Je menace l’enfant désobéissant
Je menace qui?
L’enfant.
Je le menace.

5. J’attends ma soeur.
J’attends qui?
Ma soeur.
Je l’attends.